Koumiko Muraoka
L’orme plus grand que la maison
Traduit du japonais par Fouad El-Etr et Frédéric Magne
Frontispice de Gérard Barthélémy
1992. 48 pages. ISBN 2-85745-053-2
25 €
Le premier de ces poèmes en prose donne son titre au recueil où se distribuent, comme dans un kaléidoscope, les souvenirs d’une enfance heureuse et rebelle à Harbin en Mandchourie pendant la guerre.
On voit défiler les figures tutélaires de la vieille babouchka qui lui nomme les fleurs et de Vassili, le vieux portier chinois affublé d’un nom russe, et tous ses camarades du « dernier rang de la classe » ou du jardin : son ami Ken et Harumi dont elle tolère la présence avec détachement, Galia et Tata et la fille blanche dont elle est jalouse, et les jumelles qu’elle retrouve chaque jour endormies dans leur fauteuil, « deux sommeils identiques face à face, comme l’image double de la Dame de pique ». Avec un art d’une concision impitoyable, elle détaille les séances de torture chez le coiffeur, un cheval mort dont les dents découvertes « suggèrent la douleur qui a précédé» et le « spasme, comme une douce ondulation de velours, qui traverse le corps d’un cochon qu’on vient d’assommer. »